Sans titre (titre provisoire. Peut-être. Demandez à Proc)

Ecriture Alexandra G.

La porte était ridiculement petite. Avec une serrure ouvragée à l’excès et je ne voyais pas la moindre lumière sous le battant de bois durci par le temps. J’insérai la clé offerte par le raton laveur. Ne cherchez pas, c’est une référence à un autre texte. Bref, la clé tourna sans difficulté et la porte s’ouvrit sur un drôle de couloir où j’étais obligée de me tenir courbée en deux tant il était bas de plafond. C’est des fois pratique d’être petite. Je me demandais en mon for intérieur si j’allais débarquer dans un monde magique avec des animaux parlants. Le truc pas relou du tout. Après, avec une clé offerte par un raton laveur, faut pas s’attendre à des miracles. Bref, je progressais lentement dans l’étrange souterrain quand soudain il s’élargit et le plafond s’éleva enfin. Je me trouvai dans une grande caverne judicieusement éclairée par des champignons tout aussi judicieusement phosphorescents. Je remerciai silencieusement le narrateur d’avoir utiliser ce lieu commun de la fantasy pour éviter tout problème de noir complet. Donc, merci narrateur. Il y avait donc de la lumière et plus loin dans la caverne, alors que j’entendais le bruit d’une eau vive dans l’obscurité au-delà des champignons judicieusement lumineux (on ne le dira jamais assez…) je tombai sur un coffre en métal noir à l’air curieusement redoutable. Pris d’une soudaine impulsion, je l’ouvris, ce qui était probablement attendu de moi par… le narrateur ou le raton laveur. A moins que le narrateur soit un raton laveur. Allez savoir… Et à l’intérieur… Un chapeau. Un chapeau melon, de type anglais. Et un parapluie digne de Mary Poppins. Chouette me dis-je, de l’équipement. Je commençai à me demander si je n’étais pas coincée dans un jeu vidéo ou un truc aussi con que ça. Finalement, le monde magique avec des animaux parlants, ce serait peut-être mieux.

En tout cas, je mis le chapeau et pris le parapluie dans la main droite. Aussitôt, j’entendis une voix dans ma tête.

« Il faut que tu te dirige vers la pierre qui parle… va vers la lumière.

– Quelle lumière ?

– Celle ci ! »

Et hop, c’est pratique, une petite lumière magique s’alluma au fond de la caverne qui finissait sur une rivière souterraine avec un quai en bois et une embarcation de forme étrange. La figure de proue représentait ce qui semblait être un raton-laveur. (Si vous suivez bien, vous remarquerez qu’il y a un fil conducteur…). Prestement, je montais dans l’espèce de canot et la lumière magique se déplaça, semblant attirer magiquement mon frêle esquif. Pendant ce qui parut des heures, j’avançais dans les ténèbres légèrement révélées par l’espèce de luciole. Le chapeau sur ma tête paraissait de plus en plus lourd et je dus ouvrir le parapluie pour me protéger de gouttes glacées qui tombaient du plafond loin au dessus de moi. Je m’impatientais, est-ce que cette aventure avait un sens ou errai-je dans les ombres pour toujours sans but ni raison ?

A nouveau la voix dans ma tête. Ou un haut parleur dans le chapeau.

« Hum…Allo ?

Je risquais un :

– Oui ?

– Vous en êtes au passage de la rivière souterraine, c’est ça ?

– Euh, il me semble, qui êtes vous ?

-… Ah, euh ce n’est pas normal… Attendez… Je vais tenter d’appuyer sur le bouton numéro 2… oui… Encore une seconde.

Soudain, une lumière éblouissante marqua la fin du cours souterrain de la rivière sur laquelle je glandouillais depuis des heures.

Quand mes yeux furent habitués à la lumière, je découvris un paysage enchanteur, des prairies vertes claires et foncées, avec l’ombre des nuages qui passaient sur le paysage et de majestueuses montagnes dont les pics enneigés semblaient faits de sucre glace. Une vraie carte postale. Manqué plus que les animaux parlants me disais-je un peu abattue à cette perspective. Et justement, un bizarre mouton sur deux pattes, habillé d’une livrée frappé je vous le donne en mille d’un blason qui représentait un raton laveur stylisé, s’avança vers moi. Comment on stylise un raton laveur, ne me demandait pas, c’est du ressort du narrateur. J’en fais peut être un peu trop… Bon j’abandonne et je laisse la parole au mouton anthropoïde

– Holà jeune aventurière, que faites vous donc en ces vertes contrées ?

J’hésitais puis répondis en levant le chapeau qui pesait une tonne sur ma tête :

– Eh bien, j’ai ouvert une porte ridiculement petite, j’ai avancé dans un couloir étroit et bas de plafond qui a débouché sur une caverne avec des champignons phosphorescents – cela dit en passant, c’était pratique parce qu’on y voyait rien sinon- et enfin j’ai descendu la rivière jusqu’ici guidé par une lumière magique façon luciole qui d’ailleurs a foutu le camp je sais pas où. Je craignais de me retrouver dans ce genre de pays et franchement, le coup des animaux parlants ça me gonfle. Excusez-moi, je suis très fatiguée. Genre épuisée.

– Hum… Hé bien jeune demoiselle, je m’excuse par avance de mon discours humain et de la sorte vous enjoins à me suivre pour trouver du repos et du réconfort dans l’auberge là bas au bout du chemin.

– Je vous suis.

Et j’étais réellement épuisée, alors que j’en branlais pas une depuis des heures. (Mais c’est un artifice narratif, on crée de la tension en insistant sur l’épuisement du ou des personnages. Même de très bons auteurs le font. Je ne vise personne.)

Après dix minutes de marche en compagnie du mouton chelou, j’arrivai a une petite auberge cossue, avec un toit en chaume. J’étais plus dans le registre du conte pour enfant que du jeu vidéo. Pour ce que ça valait, c’était peut-être mieux comme ça. Le mouton me confia à une sorte de belette également déformée pour ressembler à un être humain. Elle me guida vers une chambre et lorsque je m’allongeai dans les draps frais, je m’endormis presque instantanément d’un sommeil peuplé de rêveries étranges où je n’étais qu’un personnage de fiction affublé d’un chapeau melon et d’un parapluie. Un personnage qui n’avait même pas de nom.

Niveau 0 atteint.

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