La bestiole


Une chose peut être étrange, une chose peut être étonnante, une chose peut être extraordinaire. Et puis… Il y a la bestiole.

La bestiole est à moi, rien qu’à moi, et je ne saurais dire à quoi elle ressemble. Elle tient du chat et du loup, de la fougère et du coquillage trouvé sur la plage. Elle est ultra rouge dans le noir et jaune turquoise l’après-midi mais attention ! Seulement une semaine sur deux. Quand il fait chaud elle est froide, quand il est fait froid elle est chaude.

Depuis toujours, la bestiole m’accompagne, elle est ma fraîcheur et ma joie de vivre, mon imagination et mes espoirs. Juchée sur mon épaule, elle commente tout et tout le temps, se mêle de tout et pourtant, personne ne l’a jamais vue. Alors je me promène le cœur léger avec mon symbiote imaginaire amoureusement lové dans mon cou et je vis.

Et un beau jour… Je me promène dans la rue, je glisse sur la lumière rasante de ce matin d’automne, la bestiole chantonne dans mon oreille un air démodé. Je regarde les passants anonymes qui partent au travail, dépasse un joggeur qui ne court vraiment pas vite et soudain je m’arrête. Il y a toi, une belle brune, qui marche à dix mètres de moi. Mais surtout… Tu regardes fixement la bestiole et surtout surtout… tu en as une aussi !

Stupéfait, je m’approche, mon cœur bat la chamade et nos bestioles respectives se repèrent et se jaugent. Je sens la mienne qui crache et qui renifle et je vois la tienne qui se dandine et jette des épines dans notre direction. Une bataille s’annonce. Je m’approche, tu souris et instinctivement je te lance un petit « Salut… » et au lieu de me répondre tu ris à quelque chose derrière moi. Je me retourne. Nos bestioles respectives sont finalement copines, au lieu d’une bataille, elles dansent un menuet sur un tempo reggae et clignotent de toutes les couleurs de l’arc en ciel. Je ris à mon tour. Tu te présentes mais c’est comme si nous nous connaissions depuis toujours à l’instant où nos symbiotes se sont touchés. Nous nous prenons par la main, et nous descendons jusqu’au fleuve pour admirer la lumière sur l’eau vive tandis que nos bestioles discutent attentives à nos cœurs rapides.

C’est comme cela que je t’ai rencontrée, ma moitié, grâce à ma bestiole. Une chose peut être étrange, une chose peut être étonnante, une chose peut être extraordinaire. Et puis… Il y a nous, et nos deux bestioles…. Va savoir, si ça se trouve bientôt trois….

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