Il pleut quelques gouttes. Le temps passe lentement. Le saule aux branches lourdes de la pluie de la nuit masque les bâtiments de l’hôpital. Je suis assise sur un banc et la maigre lumière du soleil m’aveugle en partie, applique comme un masque sur mon visage pâle aux yeux assombris.
Il pleut toujours. Le temps passe lentement. Je me suis levée et j’esquisse quelques pas d’une danse lourde et impatiente, mes pieds traînent sur le sol, je soulève une poussière humide et intangible, signe invisible du temps presque figé dans lequel j’évolue. J’aimerai être plus rapide mais la terre m’attire et de nouveau, il faut que je m’arrête.
Il ne pleut presque plus. Le temps passe lentement. De nouveau sur un banc, de l’autre côté du saule. J’ai relevé ma manche et je caresse d’un doigt les pâles cicatrices qui courent sur mon poignet. Des signes aux sens cachés que j’interprète comme l’ombre d’un souvenir, d’une douleur. Je ne pleure presque plus, je fouille dans ma poche.
Il ne pleut plus. Le temps s’est arrêté. Une sombre ligne rouge se dessine sur ma gorge et je suis allongée sur l’herbe détrempée. Je ne pense plus à rien, un voile sur le regard, et le cutter sorti de ma poche gît dans une flaque d’eau. J’y suis allée profond, mon visage est couvert de sang qui colore à présent l’herbe et la terre cendreuse.
Le Soleil domine et quelqu’un pousse un cri. Je suis découverte. Peu importe à présent, il est tout juste trop tard, je m’endors lentement, j’ai froid, je n’y vois plus. J’entends d’autres voix, je sens des mains sur moi, je crois que je pleure à nouveau mais là encore, personne ne le voit. Au moins, il ne pleut plus. La souffrance est partie.