Une nuit, un feu

J’en tremble encore mais il fallait que je te le dise. Putain, tu m’y as forcé en fait, je voulais pas et voilà, c’est fait maintenant. Les cendres retombent doucement et je pense à l’avenir que nous avions. L’esprit qui plane, libre, n’aurait pas connu notre épiphanie. L’esprit qui se noie, entravé dans des chaînes, n’aurait pas connu notre déchéance.

La chute, voilà où tu nous a menés. Je voulais vivre avec toi, tu voulais vivre sur moi, c’est scandaleux quand on y pense ; tu es un parasite, un putain de vampire qui suce l’essence de sa victime, se nourrit de sa douleur, de son dépit alors que la nourriture se fait rare.

Cannibale de l’esprit, amitié toxique en délire de domination. Je t’ai aimé, tu le sais bien, et la marque de tes crocs dans mon cou en est la preuve flagrante. Tu m’as aimé, je le sais bien, tu t’es repue de mes entrailles, tu as sucé la moelle de mes os, dévoré la stupeur alors que tu te tiens au-dessus de moi.

J’ai eu un réflexe salutaire en fin de compte, lorsque tu fus repue de mon sang, je t’ai poignardée en plein cœur. Le sang a giclé loin et c’était bien. Plus puissant que le prédateur, la proie qui inverse les rôles. J’ai repris la main à ce moment là. Ton corps encore chaud sous le mien, sous ma domination, après la rage.

Il n’y avait personne aux alentours, alors, après t’avoir poignardé tant et tant, après avoir absous ma colère légitime, couvert de ton sang, j’ai réfléchi, un peu. Un grand feu. Oui ! C’est ça. J’ai rassemblé du bois et, curieuse coïncidence, mais non ma chérie, il n’y en a pas n’est ce pas, il y avait à l’arrière de la camionnette un bidon d’essence.

Tu brûleras en souvenir de nos péchés ai-je crié en mettant le feu au bûcher improvisé.

Les cendres retombent à peine que je chéris le souvenir de nos corps entremêlés, alors que nos cœurs étaient si loin l’un de l’autre. Je te l’avais pourtant dit : « Je veux te quitter, bordel, lâche-moi ! ». Je te l’avais dit mais tu n’as pas écouté. Il est trop tard pour reculer, hein ?

Brèves du soir

Le brasier retrouvé sur une aire d’autoroute abrité en fin de compte un corps humain. L’incendie est probablement de nature criminelle, il est conseillé à la population de faire preuve de prudence dans les endroits isolés. Plus d’infos à suivre, restez connecté.

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