La nuit, je t’aime

De la fenêtre me parvient une brise fraîche qui me réveille. Je glisse hors de mon lit comme de l’eau. Fluide, je passe dans la salle de bain, allume la douche et me brosse les dents. Je ressens le silence seulement troublé par les arbres qui dansent dans le ciel bleu sans éviter les volutes d’une brume lourde qui rajoute de l’humidité à l’air pourtant si léger.

J’enlève ma culotte pour me glisser sous la douche. L’eau brûlante nettoie la sueur de la nuit, la tienne et la mienne. Je me savonne lentement, j’apprécie la caresse de mes mains sur mes courbes. Je n’insiste pas, écho à cette nuit de tendresse. Cette nuit qui fut si différente et si semblable à la fois.

Je ne vois pas ton visage, je le sens collé à mon corps. Tes longs cheveux blonds qui masque tes yeux bleus, le mince trait de tes lèvres qui m’embrasse. Ta langue qui cherche la mienne à tâtons, la trouve et joue avec elle comme de petits papillons, les mêmes que j’ai au creux du ventre, chauds, l’inverse d’une angoisse.

Tandis que mes mains passent sur mes hanches, je me souviens des tiennes, de leur douceur et de leur agilité. J’ai le visage enfouis dans ton cou, je l’embrasse avec avidité, je goûte ta peau comme une pèche douce et sucrée. J’ai envie de parler mais rien ne sort, je ressens tes baisers sur ma poitrine comme autant de brûlures de plaisir, comme autant de promesses qui irradient de la chaleur dans tous mon corps jusqu’au centre chaud de mon bas-ventre.

Ma main s’attarde un instant entre mes jambes, souvenir tactile de tes doigts et de ta bouche. C’était si bon, si doux ; un débordement sans éclaboussure, un bonheur unique qui me dépasse sans effondrement. Tu goûtes mon intimité, je caresse ta tête d’une main tandis que l’autre effleure le téton de l’un de me seins. Alors qu’il me semble atteindre le paroxysme, tes lèvres reviennent m’embrasser, tes seins s’appuient contre les miens. Douceur et tendresse les jambes enlacées dans une fusion si intense que je ne pourrai l’oublier.

Je me rince à l’eau glacée, je frissonne plus par les souvenirs de cette nuit que par le froid qui fouette mon corps nu. Jamais, plus jamais je ne vivrai une nuit comme celle-ci. Jamais, plus jamais je ne te reverrai comme cette nuit. Amantes au passé, alors que tu es partie avant que le jour ne se lève. Je ne te connais plus, pour toujours tu es l’inconnue d’une nuit, un sourire dans l’obscurité, une volupté secrète absurde à la lumière du jour.

Je retourne me coucher, épuisée et comblée, j’ai si peu dormi. Les heures passent et alors que la nuit succède à nouveau au jour, avant même d’ouvrir les yeux je sens ton odeur près de moi. Tout le monde peut se tromper, la nuit n’a pas de fin. La nuit, je t’aime.

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