J’ouvre la porte qui mène à la cave. Je descends les bras chargés de linge sale. Je loupe une marche, lâche le linge. Sacré chat. C’est pas passé loin. Miaou. Miaou toi-même. Je ramasse le linge éparpillé dans l’escalier quand un objet attire mon attention. Un truc brillant et argenté, pas plus grand que mon petit doigt qui est coincé entre deux marches de bois. Curieuse, j’oublie un instant les vêtements à laver et je me baisse pour ramasser la chose.
J’essaie de l’attraper, c’est glissant et un peu froid. Étrange. Enfin j’ai une prise, je tire… L’objet ne résiste pas, je parviens à l’attirer vers moi mais le bidule est plus long que prévu. Cocasse. J’ai bientôt un demi-mètres de fil argenté dans les mains, avec tous les dix centimètres une petite boule noire. Zut, je suis en train de démonter un fil électrique ? Je vais m’électrocuter ? La lumière ne s’est pas éteinte, j’entends le ronronnement du sèche linge donc non.
Je continue mes investigations, arrivé à dix mètres de fil, je sens enfin un résistance. Il me prend l’envie de compter les boules noires. J’en compte quatre vingt dix huit. Il en manque deux ! Sapristi. Ou alors j’ai mal estimé la longueur du bidule. A quoi ça peut bien servir ? Et où sont les deux boules manquantes. J’ai les glandes ! Je regarde entre les deux marches en bois à la recherche de l’origine de mon étrange trouvaille. Je vois deux points brillants dans l’obscurité qui me rendent mon regard. Effroi ! Quelle est cette chose qui vit sous l’escalier de ma cave. C’est dingue !
– Salut dit la chose la voix enroué.
– Euh, salut je balbutie.
– Vous tirez depuis dix minutes sur mon chapelet. J’y tiens vous savez ? Vous savez d’où il sort ?
– Eh bien… je suis gênée. Un héritage ?
La créature se racle la gorge et émet un grognement qui ressemble a un rire.
– Oui, voila, un héritage. Je le tiens de mon père qui le tient de son oncle qui le tient de sa belle-mère. C’est un truc qui reste dans la famille, bien au chaud. Vous voyez le truc ?
– Oui, euh Monsieur.
– Monsieur Undeutrois ! Ça rentre ?
Je m’habitue un peu à l’étrangeté de la conversation et je rétorque :
– Qu’est ce qui rentre Monsieur Undeutrois ?
– Mon nom, andouille !
– Votre nom c’est Andouille, pas Undeutrois ?
-… Vous m’agacez mademoiselle.
– Je vous ferai remarqué que c’est vous qui vivez sous l’escalier de ma cave.
– J’y étais avant vous.
– Alors tenez reprenez votre chapelet là. Au fait il manque deux boules, je les ai compté.
– Vous inquiétez pas mademoiselle. Elles sont en lieu sûr, à l’intérieur. Foutez moi la paix maintenant.
– Bon, euh, au revoir alors.
– Oui. Un conseil, lavez-vous les mains soigneusement.
– D’accord, en ce moment, il faut faire attention. En tout cas notre rencontre restera dans les annales. Je suis quand même surprise de vous savoir ici.
– Faites pas attention. Et ne tirez plus sur tout ce que vous trouvez, ça ne se fait pas.
Les yeux dans l’obscurité se ferment et le long fil argenté se rembobine à toute vitesse sous l’escalier de la cave. Je suis encore un peu abasourdie par cette histoire. Je remonte à l’étage et me lave les mains comme me l’a conseillé mon colocataire improbable. Juste avant, je renifle mes doigts, ça sent la vaseline. Curieux !