Serge le pigeon

Il était une fois un être étrange qui était né dans un œuf de tortue. Un beau bébé de 4 kilos 8 à l’éclosion. Etrange n’est ce pas ? Et pourtant après une enfance avec des petites tortues, il prit son envol pour découvrir le vaste monde. Il quitta donc la forêt magique des tortues pour s’enfoncer dans le désert de cendres et trouver si c’était possible un être à son image.

Il vola, car d’instinct il avait appris à voler de la même façon que ses frères et sœurs tortues à nager et traversa maints pays avant de rencontrer monsieur Aigle, tout en haut d’un pic abrupt qui comme lui avait des ailes mais semblait plus… rapace.

-Bonjour Monsieur, je suis Serge… et je ne sais pas ce que je suis. Je sais juste que je ne suis pas une tortue.

– Bienvenue chez moi petit animal à plume, tu m’as l’air plus qu’apétissant.

– Vous voulez dire, vous me mangeriez ?

– Peut-être, peut-être, je n’ai pas faim pour le moment. File donc vite petit volatile, tu ne trouveras rien de bon dans le désert de cendres. Vole vers le bord de mer, tu y trouveras les albatros, ces géants maladroits comme dit le poète.

C’est ainsi que Serge, un peu perturbé par cette rencontre et plutôt inquiet d’être dévoré par le rapace, fila en direction de l’est, le soleil haut dans le ciel lui brulait les ailes et le désert de cendres n’en finissait pas de défiler en dessous de lui quand soudain, une bande bleue apparut à l’horizon.

Il comprit pour avoir entendu les histoires au coin du feu avec ses amis tortues qu’il s’agissait d’une immense étendue d’eau appelé « océan » qui dépassait en taille tout les lacs de la forêt additionné et même davantage.

Lorsqu’il fut assez prêt du bord de mer, de grand oiseaux blancs planaient dans le ciel, bien plus haut que lui, dessinaient des cercles sans battre des ailes, se laissant porter par les courants ascendants. Serge fit un grand effort pour atteindre leur altitude et demanda au plus grand d’entre eux :

– Bonjour Albatros, Monsieur Aigle m’a dit que je vous trouverez ici, je cherche des créatures semblables à moi.

– Hum, non, petit oiseau, je n’ai jamais rien vu de tel. Et puis je m’en fiche. Nous nous appretons à partir par delà l’océan mais c’est trop loin pour tes petites ailes. Dégage de mon chemin, je suis le Roi.

– Le Roi ? Il n’y avait rien de tel dans la forêt magique des tortues.

– Oui, c’est moi qui décide pour les autres et j’ai décidé, nous partons incessamment sous peu.

– Maintenant quoi, rétorqua Serge, insolent.

– Oui petite chose, adieu !

Et c’est ainsi que les géants partirent en planant sur les alizées qui les poussaient vers l’étendue d’eau qui semblait infinie.

Serge se posa sur une branche morte qui dépassait du sable. Il était fatigué, exténué même. Et puis un peu déprimé. Il n’avait plus aucune piste et ne savait que faire. Il regrettait d’avoir quitté la forêt magique des tortues car, bien que la bas personne ne lui ressemble, il y avait des amis et des visages connus. Il pleura un peu, son bec luisait des larmes qui coulaient de ses yeux. Au bout d’un moment, il n’y avait plus rien a pleurer. Il se ressaissit.

Il partit, volant au hasard en suivant la côte. Parfois il s’arrêtait dans les rares zones de verdures pour boire et picorer de quoi se nourir.

Au bout de plusieurs jours, il aperçut au loin d’étranges constructions et une rumeur qu’il ne reconnut pas tout de suite. Des êtres étranges grouillaient entre les batiments, debout sur deux pattes, sans aile et sans plumes. Il s’approcha et se posa sur le sommet d’une grande croix. Et là, il fut émerveillé. En dessous de lui se tenait des centaines, des milliers d’êtres qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Il avait trouvé une nouvelle famille.

– Saaaaaaluuut ! Cria-t-il

– Heeeellllooooo Pigeon voyageur !

– C’est ce que nous sommes ?

– Parfaitement, tu es, comme nous un pigeon. Et comme tu sembles venir de très loin, nous pouvons dire que tu voyage. Et comme tu voyage, tu es un pigeon voyageur. Fais comme chez toi, les humains jettent régulièrement à manger par terre. Nous ne savons pas pourquoi il le font mais nous ne savons pas non plus pourquoi parfois il pleut et d’autre non. Bienvenue frère à plumes.

C’est ainsi que Serge rencontra sa nouvelle famille. Comme parfois il se languissait de ses frères et sœurs tortues, il organisa avec des pigeons de la ville des humains une ligne régulière entre celle-ci et la forêt magique des tortues, lui le premier pigeon voyageur de l’histoire. Il faisait passer des messages entre les différents peuples et un jour, un humain s’en rendit compte et profita du service déjà existant. Mais ceci est une autre histoire.

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