Chute

Je me tiens debout, une arme à la main, la fureur de l’océan n’effleure qu’à peine mes sentiments ambigus. Ta main est froide dans la mienne. Le temps nous à consumé.

J’existe à peine, j’ai failli mourir et tu m’oublies, avec douceur, tes caresses comme le vent qui chuchote à mes oreilles, un courant électrique qui m’effleure la nuque, ton souffle glacial qui me brûle.

C’est une sorte de tension, au creux du ventre, un extase la main posée dessus. J’avais oublié ce sentiment, le rêve l’a réveillé, j’ai eu une absence. Nos enfants se raconteront notre histoire. Il y avait une plage et une falaise. La chute n’est pas ce qu’elle semble être.

Nous avons parlé souvent, ris aussi, et peut être bien pleuré dans les non-dits. Nos blessures se complétaient, nous étions un puzzle et, sans être toute l’image, nous étions bord à bord, emboîtés l’un dans l’autre, pour le meilleur et pour le pire. Un jour tu m’as posé une question, avec cette drôle d’hésitation dans la voix. Qu’est ce que tu me trouves, je ne m’aime pas. Je crois que je n’ai jamais répondu. J’aurai pu dire, tu est une belle femme, attirante. Mais le vrai, c’est que tu rayonnes, même maintenant qu’il fait si froid. Ce n’est pas l’apparence extérieure qui compte, ni les recoins secrets du cœur qu’on appelle stupidement la beauté intérieure. C’est ce que l’on dégage, ce que tu dégages, les ondes invisibles qui te font avancer, exister malgré les difficultés, ce qui manque tellement à mon âme.

Tu rayonnes et ce n’est pas seulement un sourire, c’est une attitude inconsciente qui attire la jalousie. Les gens ne te voient vraiment pas dans ton entier. Moi même, j’ai du faire une fois de plus confiance à mes rêves pour y croire un peu.

Nous en sommes au début, en haut de la falaise, la marée est basse, il n’y a pas encore de vent, la tempête est loin. Je suis seul, debout sur un rocher, l’arme n’est pas encore dans ma main. Mes sentiments sont déjà ambigu. Un doute m’assaille et quelque soit la situation, il sera toujours là, en embuscade parce que je ne pense pas mériter d’être aimé.

C’est une drôle de vérité, encore ce mot, parce que je veux croire que cette vie étrange est une blague. Je le redis, j’ai failli mourir aujourd’hui, je crois même que je suis mort dans un ailleurs, une autre dimension, un univers à part et parallèle. Parfois, deux droites parallèles se rejoignent. Il faut juste sauter le pas.

Je vois les nuages au loin, avant la tempête, elle arrive et elle a faim, très faim. Tu es assise sur un rocher, entre moi et l’abîme, ta robe mouillée par les embruns colle à ton corps frêle et je suis ému. Je croise ton regard, deux puits de larmes qui me sondent à mon tour, sans hésitation, alors que tu chantes délicatement, avec la brise légère qui t’accompagne.

Je ne peux soutenir ton regard, je baisse les yeux, un long moment, et je vois le couteau dans ma main droite tandis que je constate avec un détachement onirique que la gauche a disparu. J’ai perdu la main.

Je relève les yeux, tu n’es déjà plus là, je m’en doutais en fait, ce n’est qu’un souvenir qui se répète, la guerre est déjà passée, la reconstruction a déjà commencé. J’avance vers le bord, la frontière qui nous sépare, si loin, si terrible.

Je me tiens debout, une arme à la main. Il faut que je me décide. La marée est haute, le vent hurle autour de moi. Tu as disparue pour de bon et pourtant je sens ta main dans la mienne, même si elle est froide. Tout dépend de moi. Il n’y a qu’un pas à faire, le premier, le saut dans l’inconnu, en bref, tout commence par la chute.

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