Atelier d’écriture témoignage handicap

Je vous propose un résumé de l’atelier d’écriture que j’ai animé au printemps 2022 en 4 séances de 2h. C’était presque une première pour moi qui m’a beaucoup plus!

Je fourmille d’idées pour animer des ateliers d’écriture sur d’autres ou le même thème dans les temps à venir. ^.^

Vous avez ainsi un aperçu de mon travail effectué. 🙂

Session 1

durée 2h

La première activité

La deuxième activité

Exemple réalisé par l’animateur

Je me souviens…

Je me souviens de la moquette de la salle de jeu, elle était bleu avec des legos éparpillé un peu partout. J’avais fabriqué un vaisseau qui se transformait en deux autres si on déplaçait quelques pièces.

Je me souviens des petites voitures que je faisais se rentrer dedans, des accidents gigantesques sur mon tapis-circuit un peu taché par l’usage. J’étais en pyjama alors qu’il était midi, mes parents s’en foutait, non pas qu’il ne m’aimait pas mais il me laissait faire. Tu as l’âge de raison me disaient-t-ils. J’avais 9 ans, avec le recul cela paraît un peu étrange.

Je me souviens des jeux avec ma sœur, à la bonne paye ou au monopoly, il fallait absolument que gagne alors je trichais. Je ne sais pas pourquoi encore aujourd’hui même si je sais que cela ne m’est plus essentiel. Des fois sa force, c’est sa faiblesse.

Je me souviens des deux figuiers au fond du jardin, je grimpais de branches en branches et j’avais trouvé un chemin un peu périlleux de l’un à l’autre. Les arbres fruitiers ployaient sous mon poids mais je ne suis jamais tombé. J’aimais bien leur odeur pourtant un peu piquante.

Je me souviens de la piscine dans laquelle on faisait des tourbillons en courant tous dans le même sens, insouciance de l’enfance dorée, avec mes amis et ceux de ma sœur. Les étés étaient longs, il faisait chaud dehors et doux dans la maison. Je regardais des reportages sur les volcans, et j’étais fasciné.

Je me souviens de tellement de choses, et j’en ai oublié d’autres. C’est ainsi, c’est comme ça que fonctionne la mémoire sans doute. Voilà, c’était une tranche de vie que j’avais envie de partager, sans fioritures, sans mots compliqués, juste des souvenirs épars qui enfilent sur un fil les mots tel les perles sur les colliers que fabriquaient ma petite sœur. A toutes les personnes de cette époque et même à ceux qui font maintenant parti de ma vie j’aimerai dire alors que je le réalise que je les aimerais toujours d’une façon ou d’une autre.

Conclusion de la séance

Session 2

durée 2h

Activité 1

Activité 2

Conclusion

Session 3

durée 2h

Activité 1

Exemple réalisé par l’animateur

Pour moi et c’est étrange je définis le handicap par un manque. Je n’ai manqué de rien enfant pourtant. Mais il y a une absence de quelque chose, il me manque un truc que j’essaie de combler tant bien que mal. Il me manque la vie normale, il me manque un travail, il me manque une maison et un crédit. Je ne manque plus d’amour et c’est super hyper méga cool… Mais voilà mon manque de légitimité c’est ce mot là qui me vient quand je pense handicap, c’est un truc en moins, une absence de quelque chose. Un silence alors qu’il devrait y avoir de la musique ou au moins du bruit.

J’accepte…

Activité 2

Témoignage réalisé par l’animateur

Je me souviens il y a quelques années, c’était la première fois, je découvrais le GEM à travers l’atelier d’écriture. Je le dis, ce n’est pas une insulte ni un mot tabou. Je suis handicapé.

Cela m’est arrivé de le dire et de le revendiquer et de voir la personne me scanner du regard pour trouver dans ma silhouette où se cache le mal. Sans malice ni méchanceté mais c’est un peu épuisant à la longue.

Mon handicap ne se voit pas, il se ressent lorsque l’on me connaît et qu’on devient intime. Il n’est pas moi, il n’est pas inscrit sur mon front. Mais il existe, au fond de moi, dans ma psyché et dans mon ventre. C’est un parasite sournois parfois mais il m’a fait découvrir tant de choses parfois merveilleuses que je ne peux dire qu’il n’y a rien de positif à cela.

Je me souviens, j’évoluais déjà et j’ai découvert le monde associatif puis médico-social. Il m’a permis de grandir et de m’épanouir, d’acquérir tant d’expérience que je peux à mon tour en faire profiter les autres. D’usager, quel mot horrible (selon moi) à acteur du tissu vivant, de ces interactions d’entraide dans un collectif qui ne cesse de grandir.

Je me souviens combien il était dur pour moi de me lier, d’avoir peur et de trembler, à l’idée de parler en public ou même à un inconnu. Maintenant cela m’est facile, et même j’aime bien cette sensation d’avoir l’attention des gens et de m’exprimer clairement, sans que ma voix tremble ou que mes mots s’embrouillent. Les autres sentent la passion dans ma voix et c’est sûrement cela qui résonnent en moi.

Je me souviens de rencontres, de rigolades, de baies tises filées comme des métaflores, une ribambelle de petites attentions positives qui comme les fleuves sont constitués de minces filets d’eau au départ. Un sourire vaut mille mots. Un café offert par une connaissance est comme une respiration de plus.

Je me souviens, il faut que je parle des professionnels dont j’ai pu m’entourer, des facilitateurs qui ont pu mettre de la graisse dans les rouages compliqué de mon esprit. Merci à eux même si c’est leur travail.

Oui, je suis handicapé, je suis bipolaire ou schizo-affectif, j’ai des troubles de l’humeur et une tendance aux consommations de toxique. Mais je suis maintenant stable et cela, c’est moi qui ait su le faire grandir, s’épanouir avec l’aide de mon entourage ami ou médical, avec la volonté et la patience d’attendre que mes pensées s’éclaircissent. Je peux le dire, même si l’anxiété est parfois toujours là, je suis heureux et je me sens vivant dans l’existence que je mène à présent.

Merci à moi, merci à tous,

J’aime la vie, tout simplement.

Activité bonus : écrire un texte a partir d’une liste de mots pioché proposé par un participants

  • émotions
  • normalité
  • fêlure
  • aide
  • rémission
  • société
  • préjugé(s)
  • ressenti

Exercice effectué par l’animateur

Émotion et normalité pioché par moi.

Handicapé des émotions, des ressentis ? C’est normal pour moi. Pas une surprise pour mes proches. « Alexis, t’es angoissé ! » Moi : « mais non enfin… attends ah si ptet en fait. » C’est assez chiant et je sais pas pourquoi. Je suis dépassé probablement et quand ce que je ressens est trop fort, ça disjoncte et je ne ressens rien. Les émotions c’est pareil, j’ai toujours peur du point critique où ça explose. Apothéose ? Névrose !

Normalité, la poursuite du rêve idiot. C’est ce que disais mon pseudo pote voisin dealer et gros consommateur de cocaïne. Il faut être efficace et être dans la vie normale. Sauf que quand il était « malade » c’est à dire en descente pour le commun des mortels c’était pas la vie normale.

Je déblatère à droite à gauche mais pour moi la normalité, je ne sais pas. Je pense qu’on peut choisir sa norme et en changer de temps en temps. J’en ai fait l’expérience récemment. Je veux de cette vie là ou de celle là ? Celle ci est-elle plus souhaitable que telle autre ? Est-ce qu’on a réellement le choix ? Je n’en sais rien. Il faut que j’interroge mes émotions. Donc que me dise mes émotions. Que je suis amoureux, soit, c’est une valeur sûre. Que je suis bien entouré par des gens qui savent me décoder. C’est cool aussi. Bref, ça se passe bien, même quand j’ai un peu envie de pleurer, comme maintenant. Émotions et normalité. Le leitmotiv à ne pas oublier. Sans résumer, c’est normal de ressentir des émotions. Et peut-être faut-il les accueillir, leur laisser une place, du temps, du temps pour soi pour éprouver ces sensations, pour voir ce que cela provoque en soi, de bon comme de mauvais. Comme me renvoyer le psy la dernière fois, on a tous du dark en nous.

Je suis triste parfois, plutôt joyeux le reste du temps. Et cela, c’est absolument normal.

Je vous aime et je vous emmerde tous !

Session 4

Durée 2h

Activité 1

Retour sur le brain storming pour en discuter entre nous

Activité 2

Exercice réalisé par l’animateur

Je me souviens d’une fois, je venais d’assumer mon diagnostic de trouble bipolaire et j’étais en légère phase up. Je me promenais dans Bordeaux quand un démarcheur de rue m’a arrêté pour m’expliquer le thème de l’association qu’il voulait que je soutienne… Je lui dis alors que je suis en situation de handicap. Je me souviens très bien de sa réaction initiale, il m’a regardé de haut en bas, comme si il me scannait. Je perçois son trouble donc je lui dis : « je suis bipolaire ! » et il me répond « Ah d’accord c’est ça. Je comprends mieux. »

Sur le moment je l’ai bien pris et j’ai perçus qu’il n’avait pas de mauvaises intentions. Mais un a priori dans son esprit associait handicap à un trouble physique alors qu’il existe une multitude de handicap invisible dont le mien. Je me dis avec le recul qu’il est important et qu’il faudra toujours faire parler autour de ce sujet afin de changer les a priori et éviter cette situation que j’aurai pu percevoir comme négative.

Informons, déstigmatisons !