Archives de catégorie : slam

Ballade en bad

La goutte est prise, la goutte est prise. Y a plus qu’à attendre, tendre, prendre, peut-être même fendre… Attends un peu, il n’était pas là, là, là cet arbre avant. Et il est sacrément grand. On dirait qu’il se divise, attends qu’il se ramifie en spirales fractales. C’est obsédant, la nature change, se transforme, se reforme en un œuf primordiale de verdures fracturées. Je ris, je pleure, je me désole mais je fusionne avec le sol, mes racines plongent profondément dans la terre, je ne peux plus bouger alors que tout bouge autour de moi, ce qui est vivant, ce qui ne l’est pas… Non attends, attends, tout est vivant, tout l’inconnu est connu. Je sais tout, c’est merveilleux et…. Effrayant, oui, je suis terrorisé, trop d’informations, des champignons bleus dessinent des cercles autour de moi, ils vont m’immoler par le feu, et la scène tourne en boucles et encore, et encore, et encore. Je ne sens pas les flammes, je les vois autour de moi, elle sont oranges, brillantes, elle m’englobe et me ronge la peau. Attends, attends, c’est bientôt fini. Regarde ta montre abruti, je regarde mon poignet, il se termine sur un moignon sanguinolent, je me suis coupé la main bordel, je me suis coupé la main.

Et puis une myriade d’yeux apparaissent, me déchirent le mental a coup de larmes acides, transaminases de mes muscles qui explosent en nuage de pierres obsidiennes dures comme du métal. Je me replis en position fœtale tandis que mon sang coule de mon poignet et j’attends, j’attends, j’attends. Il faut que ça s’arrête, ça va bientôt s’arrêter, pas vrai ? Hein, pour de vrai ? S’il vous plaît, la fin, s’il vous plaît, la fin de la goutte. S’il vous plaît, la fin de la ballade en bad.

Addiction, addition

Addiction, addiction, c’est bon tant qu’on te présente pas l’addition. Problème de diction, inspiration. Expiration. Je sens que l’air bloque, mon humeur débloque. Je suis ni gentil, ni méchant, je suis écrivain disait le poète Mounir, à moins qu’il l’est piqué à un autre.

Addiction addiction, c’est bon tant qu’on te présente pas l’addition. Ça tombe en piquet à foison, ta vie se résume à la consommation. Quand qui comment avec qui, tant que t’as ta prochaine dose c’est le plus vital non c’est le vital au sens propre. Vitalité en carton sale, énergie simulée, stimulation exacerbée jusqu’à que tout le monde tourne dans son coin, le visage figé sur son propre reflet.

Addiction, addiction, c’est bon tant qu’on te présente pas l’addition. Moi, je peux t’en parler de l’addiction, je m’en sors bien, j’ai pas le look junkie comme on me l’a dit autrefois. Pourtant poly-toxicomane, j’ai touché à tout sauf la piqûre, trop dur, sauf la chimie fumée c’est trop pété. J’ai su évité les pièges, j’ai pu esquivé le siège de l’esprit et la dépendance physique.

Addiction, addiction, c’est bon on lui a présenté l’addition. Crack fumé, deux boites de seresta et de valium et il a arrêté de respirer, comme ça en dormant. L’addition, c’est une soustraction, on t’enlève des bouts de cerveau, des bouts de ton corps et puis finalement la vie, plus de cœur de plus de poumon plus rien. A la fin il ne reste que la mort qui présente l’addition. Est-ce cher payé ? Je n’ai pas la réponse, je me pose toujours la question, mais pourquoi l’addiction ?

Mortniversaire

Loin derrière, ou loin devant, tu as pris de l’avance, tu es resté sur le bord du chemin.

Tombe dans la tombe froide, cramoisi de cendres,

os en terre cuite, saloperie de flammes qui bouffent ton âme en diable, démon que tu étais,

chevelure argentée qui brillait grise, tout le temps dans la mouise des substances.

Ma hantise c’est que tu poussais à la consommation sans aviser à qui tu faisais voir le cheval.

Cet étrange animal, tremble et glisse dans la boue adamante.

Diphé différentiel, dissociatif en graine, j’ai perdu le lendemain, il faut que le temps passe c’est tout quand j’ai repris la main.

T’aimais pas les même produits que moi et tu voulais pas comprendre que j’aimais pas les tiens.

A moins que tu souhaitais tester sur d’autres pour trouver la vérité, ta vérité que tu poursuivais, un cheval à la fois ou deux mélangés, plusieurs fois à la limite de l’OD.

Deux ou trois fois, mais la dernière t’as été fatale, une mort somme toute banale.

Un suicidant qui voulait mourir, deux boites de cachetons et un peu de crack avant de partir.

Oui pour moi c’était un suicide, c’est ça la singularité de ton geste, un suicide long sans plus vraiment dormir, un elfe plus vraiment humain à force de chimie simulée, drogué jusqu’à l’os, cet os blanc et froid qui me reste bloqué comme un sanglot au fond de la gorge.

Je forge ces mots pour cette raison, pour que sorte de moi ces gros sanglots qui veulent pas couler a foison, comme les larmes qui nous pique les yeux à tous les deux.

De la où tu es, tu dois bien te marrer, gros con que tu es.

Plus jamais ça, sans manque de respect.

Adieu sans remord ni raison.

A quoi bon.

Pour le malheur de rire

Ton rire c’est le pire, désespoir à fuir jamais sérieux. Mais derrière cela un oubli oublieux du mal-être profond qui se morfond au fond de ton âme noire comme le charbon.

Un an après, si je me souviens bien, j’avais appris à le redouter, à redoubler de prudence, quand je l’entendais, que t’étais en transe. Vampire des esprits prêt a tout tester sur autrui.

Mauvais fond assumé ou recherche de ta vérité ?
J’cherche pas à salir ta mémoire, t’étais un pote, un frère au moins un temps. Mais voila le temps passe et j’ai raccroché la croche tandis que toi t’as chopé la timbale, la finalité que t’attendais. Au tournant de la vie y a le décès.

Anniversaire maudit qui me pousse vers tous les interdits, faut que je tienne pour moi, faut que je tienne pour moi et que j’oublie la logique qui m’a mené à toi. Coïncidence ? Je ne crois pas, avant même de le savoir j’étais lié à toi. Un lien qui a pourri maintenant, je vois l’avenir à présent tandis que toi tu te morfond dans les limbes, dans un trou sans fond, sans lumière, sans lui ni moi.

Je ne peux pas t’imaginer dans un paradis parfait. Non pas qu’il ne te soit pas mérité mais parce que tu t’y ferai chié, t’aurais rien a tester.

Ton rire c’est le pire, désespoir à fuir. J’aurai bien aimé un jour pour de vrai t’entendre rire parce que t’étais heureux, simplement heureux. Sans drogue et heureux.

Dissolution des aptitudes

On est pas à un blasphème près.

Je me dissous sans le sous

Rupture du présent

Quand glissent les fous

La faim me prend.

Mange des cerveaux

Nouveaux savoirs éclectiques

Les humains sont des veaux

Rétifs à toute tactique.

Engage toi dans la voie

Ta voix ne porte pas

Suicide toi !

Il suffit d’un pas…

Au bord du gouffre

La civilisation s’effondre

Comme une odeur de soufre

La poule a cessé de pondre.

Il reste des œufs d’or

Tandis que tout s’enflamme

Le mouton, tranquille, dort.

Je m’en fous j’ai une femme…

Sortie de piste,

Le poing serré

En guise de colère,

Les sentiment ne comptent pas.

Dystopie tentaculaire

Les aptitudes se dissolvent

Ne comptez pas sur vos pères :

Vient le temps des loups.

Et toujours, n’oubliez pas :

Dieu n’existe pas !

Craque le cric

Craque cric, le grand bric à brac me craque le bras. Craving en papier-béton, papillon de ferraille qui graille du métal à foison. C’est bon, je suis sur la pente ascendante dans un mieux de bricoles abondantes mais pas trop. Pas de blessure apparente, coupure au bras et cicatrice au cœur, non je ne meurs. Je progresse en douceur, un verre après l’autre, tant qu’il est vide, c’est bon signe, quand il est plein, y a plus de chagrin.

C’est ptet ça ma douleur, qui me fait consommer à contre cœur, ta mort, ta disparition même si tu l’as à moitié souhaité t’es un con. T’est parti sans dire au revoir, t’es parti sans se revoir, j’aime pas les lâcheurs, et sans doute tout le monde meurt, soit mais comme ça ça m’écœure. Complexe du survivant peut-être, peur de te revoir et de ne plus te reconnaître. Plus jamais, plus jamais naître.