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Un début…

C’est un début de rien

Les pieds dans le ruisseau

Quand tu me prends la main

Je te tourne le dos.

C’est si dur le silence

Quand point l’aube de glace

Une si cruelle absence

Que plus, tu ne m’enlace.

Seule, je suis à jamais

Le ciel nous oubliera

Oui, seule, je resterai

Le vent s’en souviendra.

A venir : le pire

Dans le bruit et la fureur

Lorsqu’on est saisi de peur

Quand la pluie qui inonde

Fait ressurgir les choses immondes

L’impensable est pensé

Tu es le dernier des derniers

Né dans le froid et la folie

Insensible dans l’oubli

Implacable dystopie

Fin d’un monde décati

Crie ton envie d’autre chose

D’une vaine métamorphose

Disparais en silence

Un couteau dans la panse

Tu vois maintenant l’avenir

Et il n’y a rien de pire.

Maintenant ; le moment présent

Le temps qui passe,

Le temps qui rythme.

Silence sur la face

Quand vient le temps des rimes.

Je le vois comme ça,

Un temps par ci, un temps par la.

Le bruit de l’âge, la pluie qui efface.

Les gens qui glissent, toujours, le temps qui passe toujours.

Plongé dans le passé,

J’essaie d’ignorer,

Les souvenirs qui brûlent

Et le mal que ça me fait.

Le temps à venir,

Rien ne sert de courir,

Je l’imagine sans le voir,

Aveugle dès le départ.

Reste le temps présent,

Le meilleur, celui que je partage avec les gens.

A quoi bon se focaliser,

Sur le temps au passé

Autant que se projeter

Sur un avenir pas encore né.

Je me fixe sur le temps de maintenant,

Le meilleur, le moment présent.

J’empile

J’empile ce qui s’empire en mille-feuille mental. Je déconstruis la rumeur, retour à l’envoyeur, il ne restera rien. Ça chauffe et ça ondule, on s’y croirait presque, y a bien un petit air, mon petit doigt me l’a dit.

J’empile les sentiments, l’un par-dessus l’autre, en rayonnage, bibliothèque émotionnelle qui guide mes actions. Je t’apprécie, je t’aime, je jouis de ta compagnie. Il y a un temps pour tout, il y a un temps pour nous.

J’empile ce qu’il me reste, c’est-à-dire pas grand-chose, une longue vie… Pouah ! Funeste… si je la vis sans toi. Un regard gris azur ou bien les yeux fermés,  je te sens près de moi, même si tu es éloigné.

Je n’empile rien du tout, la tour s’est effondrée, je cherche dans les gravats un signe d’humanité. Bon, il ne reste plus rien, je le savais déjà, si je te rencontre demain, je ne te reconnaîtrai pas.

Course grise à l’infini

Je fuis lentement, comme engluée dans la roche friable qui compose mon cauchemar. Une fuite en avant, seconde après seconde, mes pieds soulèvent la poussière avec la régularité d’un métronome et une lenteur affreuse. Je cours, toujours plus loin, sans me retourner mais je sens la présence de la Bête sur mes talons, son haleine abominable et sa volonté farouche de me capturer pour me faire subir… Je ne sais pas, je ne veux pas le savoir, le monstre n’est jamais très loin, et toujours, j’avance, dans ce désert glacé à l’odeur de tombeau, à l’odeur de mort millénaire.

Rien, pas de paysage, seulement un horizon gris qui sépare un ciel noir et le sol de cendres et d’obsidiennes. Il me semble voir, mais aucune lumière n’éclaire ma fuite. Par moment et de façon impossible, j’imagine voir une lumière rouge sale luire, sinistre, dans mon dos. C’est le fanal de la Bête qui me poursuit et qui me rattrapera si jamais je ne m’arrête.

Je n’ai plus de force mais depuis si longtemps que cela ne change rien. Je continue à avancer, droit vers un horizon vide d’avenir, vers un horizon qui ne m’offrira aucun salut, aucune sécurité, aucune absolution. Je voudrais m’arrêter, pour en finir, pour que la Bête me rattrape et que le cauchemar cesse. Mais c’est hors de question, cela ne m’est pas permis. Peut être est ce là ma punition pour des crimes que je ne me souviens pas avoir commis. Peut être que l’innocent paie pour les coupables parfois et que le châtiment, ce purgatoire, soit cette course si lente et sans fin, sans espoir, rien.

Alors mes pieds foulent la cendre et la pierre, pas après pas, peur après peur, avec une autonomie propre à une si longue fuite. Mon esprit lui s’évade ou bien essaye mais l’essence même de ce monde, de ce non-monde, parait ralentir les pensées de la même manière qu’elle alourdit mes foulées. Tout cela me confine à un instant précis à mi chemin du passé honni et de mon futur barré, un présent en forme de lente torture qui diffuse la douleur dans chaque fragment de mon corps, dans chaque fragment de mon âme.

Je fuis, lentement et sans fin, sans finalité ni autre solution. Je quitte ce monde, un pas après l’autre, quoi qu’il arrive, à l’aune de l’éternité, j’arriverai à sa fin.

Désunion

Je tremble encore, loin de toi, hiatus de nos deux vies en une ronde hachurée. Je porte en moi les souvenirs qui te font défaut, alors que tu détiens la fièvre des sentiments qui comblèrent nos vies.

J’invoque nos deux noms, en une incandescente prière à un dieu qui n’existe pas, à la nature qui détruit et reforme, à la maison que nous occupions autrefois.

Nous étions partout chez nous, deux corps et un cœur, deux regards et un seul reflet d’âme. Oui, nous étions complets, ni joyeux ni tristes, seulement intégrés, partie prenante du monde qui vivait à travers nous, conscient, habité, nous étions la solution et le problème, la réponse et la question.

Mais brutalement, en un temps si court que je vois encore ton sourire s’esquisser alors que nos regards se croisent, je fus infiniment loin de toi et toi de moi. Un abîme de distance si grand qu’il en paraît infini. Un autre surgit, non-humain, une forme hybride de ce qui était mauvais en nous.

Cette être, j’en garde le souvenir, n’était pas mauvais par essence. Une frustration, un oubli, une fleur dérangée par un courant d’air impromptu. Mais quelque chose le fit grandir, prospérer et nous étions si pleins, si conscients de l’univers que nous ne fîmes pas attention. Une erreur que je perçois dans le fil de la mémoire alors que toi, à l’autre bout du cosmos, tu ne peux que souffrir la douleur de la séparation.

Je réalise que nous étions heureux sans en avoir conscience. La réalité de notre monde, de nos mondes, était le fruit d’une dépendance. L’un à l’autre mais aussi entre le monde et le couple que nous formions. La nature était belle, le ciel étoilé même lorsqu’il faisait jour. Nous étions à la fois jardiniers et enfants fascinés par les jolies histoires que nous racontions nous-même.

C’est ainsi, je ne peux qu’imaginer les sensations, à l’autre bout du ciel, et le bouillonnement incessant des sentiments qui habite ton cœur, toi qui ne peux te plonger comme moi dans le flot ininterrompu de la mémoire. Je suis amputé des émotions, tu ne peux que les subir sans pouvoir rattacher ce déferlement à un temps, un lieu ou même à moi.

Il m’apparaît alors ce qui scelle notre fin. Tu m’as oublié et je ne t’aime plus.

Araignée

Seigneur arachnide sombre qui masque les étoiles,

Je vois glisser ton ombre sur les terres désolées.

Un cri m’échappe soudain et je déchire la toile

Qui de toi me retint si longtemps prisonnier.

Je fus si longuement seul sous ta sinistre emprise

Que j’ai tout oublié de la lumière vivante

Qui me guida avant vers ta cruelle traîtrise,

Je réalise alors que même les dieux mentent.

Même ainsi libéré je suis toujours ténèbres.

Ton poison infusée irrigue mes entrailles.

Je suis ton obligé dans cet abîme funèbre.

A mon tour à présent, je tisse de sombres mailles.

Pour toujours à l’affût d’un mortel de passage,

Mes mandibules grotesques imbibées de venin

Qui dans les catacombes et les tombeaux des sages,

Barrent la route aux vivants, se dressent sur leur chemin.

Je rêve encore parfois, ou est-ce un souvenir

D’un monde de lumière où je vivais encore.

Dans cette sinistre veille, pour tout l’or d’un empire

Si seulement je pouvais, je serais déjà mort.